Honda n'a toujours pas digéré son week-end indonésien mais surtout n'a pas apprécié que Michelin ne reconnaisse jamais ses erreurs.
Alberto Puig s'est fendu d'une lettre envoyée à Motorsport.
Que l'on apprécie ou pas Alberto Puig, il semble qu'il ait quand même quelques arguments à faire valoir.
Bien, sincèrement, et ce n'est que mon point de vue et mon opinion, je ne suis pas très surpris par les propos de Taramasso.
Dans mon interview post-course, j'ai uniquement mentionné que nous devions discuter de la situation avec Michelin, c'est tout. Et nous avons vu comment M. Taramasso a réagi quand il a été interrogé par les médias, ce n'était absolument pas nécessaire...".
C'est un peu étrange quand il dit, poliment évidemment, que Honda ne sait pas s'adapter. Honda s'est adapté à de nombreux changements techniques, qu'il s'agisse de différents règlements, pneus, tailles de moteurs, catégories, etc, depuis ses débuts en Championnat du monde en 1966, et [Honda] est l'entreprise présente depuis le plus longtemps et la plus victorieuse dans l'Histoire des Grands Prix, avec 25 titres titres des constructeurs et 21 titres chez les pilotes dans la catégorie reine. Est-ce que cela signifie que nous ne savons pas nous adapter ? OK, c'est la première fois que j'entends ça.
Selon mon expérience de la compétition, il faut d'abord parler aux pilotes, pas à Apple, IBM ou Dell quand on voit une ligne sur un ordinateur. Il faut écouter les pilotes et quand on a des Champions du monde titrés plusieurs fois, on peut se dire que ces pilotes savent de quoi ils parlent.
Dans ce paddock, les constructeurs discutent avec les constructeurs, les pilotes discutent avec l'organisateur, l'IRTA [l'association des équipes] discute avec les équipes et nous sommes souvent en désaccord sur de nombreux sujets. Mais c'est toujours dans la limite des discussions et des débats que nous évoluons et trouvons de bonnes solutions qui permettent d'avancer, dans l'intérêt de toutes les parties impliquées et du championnat."
"M. Taramasso semble avoir une mentalité qui fait qu'à chaque fois que quelqu'un parle directement de ses pneus, il devient hypersensible, n'admet aucune erreur de sa part et, selon moi, c'est une erreur et c'est trop radical. Nous faisons tous des erreurs, lui compris.
Ma compréhension, ou mon déficit apparent en la matière, mentionnée par M. Taramasso n'est vraiment pas précise. À titre d'information pour M. Taramasso, j'ai couru pendant de nombreuses années et j'ai même eu quelques bonnes courses dans les années 1990, avec des pneus Michelin d'ailleurs. Donc je comprends très bien ce qu'un pilote ressent et ce dont il a besoin de la part d'un pneu quand il court sur une machine développant plus de 200 chevaux.
En fait, on ne peut comprendre un pneu de course que si on a fait de la compétition. Si on est dans un bureau ou devant un ordinateur, on peut comprendre certaines choses, la théorie, mais on ne comprend jamais la réalité, les sensations que donne un pneu slick.
Le pneu que Michelin a apporté au GP d'Indonésie a été utilisé en Thaïlande et en Autriche il y a quelques années [2017 et 2018, ndlr], sur des pistes qui ont de longues lignes droites. Mandalika est un circuit totalement différent, où l'on a pas beaucoup de longues lignes droites et où la moto est presque toujours sur l'angle ou [dans des virages] inclinés.
Les pistes de ce type nécessitent une bonne adhérence sur l'angle, il ne faut clairement pas un pneu dur comme de la pierre sur ces pistes. Cette ancienne carcasse avait et a des problèmes qui lui sont propres, en particulier pour faire monter le pneu en température. Nous avons pu voir au cours du week-end de Mandalika que la plupart des chutes survenaient dans les deux premiers tours, un problème qui était récurrent avec ce pneu 2018, et c'est pour cette raison que Michelin a développé de nouveaux pneus.
De plus, il faut développer une machine du MotoGP autour des pneus pour la saison, donc quand on change les pneus soudainement pour [en adopter] un qui n'est pas celui pour lequel la moto a été conçue, cela complique la situation pour beaucoup d'équipes. Honda n'a pas été le seul constructeur à voir ses pilotes perdre leur rythme et leur sensations soudainement au cours du week-end du GP d'Indonésie.
Par rapport à la chute de Marquez et de savoir si Michelin était responsable :
Je n'ai jamais dit ça, j'ai dit qu'il fallait comprendre totalement la situation et discuter avec Michelin par souci de clarté et pour comprendre quels seront les plans si cette situation était amenée à se reproduire.
Mais M. Taramasso a surréagi à mes propos. J'ai toujours considéré Michelin comme une entreprise très avancée dans la technologue, un leader du marché dans le développement des pneus de course, pour les voitures comme pour les motos. Ce sont des experts de la compétition et ils travaillent depuis de nombreuses années pour décrocher d'immenses succès dans leur domaine, et ils ont conçu de très bons produits tout au long de ces années en compétition.
Je suis impliqué dans le monde de la course depuis de nombreuses années et j'ai toujours estimé que quand un pilote tombe et qu'il n'y a pas de problème mécanique évident, il s'agit d'une erreur de pilotage. Mais dans toute chute, il y a des éléments qui contribuent à la chute et les pneus font partie de l'équation. Si M. Taramasso ne peut pas le comprendre ou l'accepter, alors je ne comprends pas sa mentalité ou son approche.
Vous savez, il y a beaucoup de gens dans ce paddock qui parlent toute la journée, qui parlent constamment de tout. Ce n'est pas mon cas, je ne parle pas beaucoup, je ne m'exprime que quand on m'y invite ou quand j'ai quelque chose à dire. La situation de Mandalika entre dans cette catégorie et j'ai seulement dit que nous avions besoin d'une discussion approfondie avec Michelin. C'est la question. Il y a eu une réaction presque incroyable à une volonté de mieux comprendre la situation.
M. Taramasso doit comprendre que si certains de mes pilotes ont des problèmes ou des doutes sur quoi que ce soit au sujet de la moto, mon travail, ma responsabilité de team manager est d'enquêter sur le problème et de leur apporter des solutions. J'estime que c'est mon travail, je le fais de cette façon et ça ne changera pas.
Autre petite info, selon un média espagnol, Marquez sera bien absent en Argentine et à Austin.
Ça me fait mal au cul de le dire, mais dans cette histoire, Puig a raison.
Je sais que vous matez tous Motorsport ici. Un article va paraître sous peu ( je l’ai lu dans l’édition espagnole) sur la façon de faire de Michelin concernant l’allocation des pneus. Celle ci est connue à l’avance, bien que secrète, mais surtout Bib se réserve le droit unilatéral de tout modifier et d’en prévenir les équipes…3 jours avant le GP.
Ce qui laisse largement le temps à ces incapables de pilotes, d’inges et de mécanos pour régler leurs motos.
Et si ça marche pas, c’est parce qu’ils n’auront pas mis la bonne pression dans les boudins.
Non mais…
Pan! Les hostilités semblent avoir commencé..
Réaction, d'après moi, normale après les déclarations de Taramasso mettant hors de cause ses pneus pour les chutes qu'il y a eu à Mandalika. Classique, c'est pas de ma faute, c'est le reste (conditions météo, moto et pilote).
Alors oui les propos de Puig sont recevables, oui sa réaction est compréhensible: il voulait discuter avec Michelin et Taramasso coupe court en disant dans la presse que ses pneus sont hors de cause. En gros, t'oublie la discussion, tu as ma réponse dans la presse spécialisée.
Sans défendre Honda outre mesure, Puig a quand même raison: le HRC fait une moto adaptée aux pneus 2022, manque de bol Michelin déboule à Mandalika avec des pneus…