Pirelli Moto GP : "Nous devons commencer les premiers tests en 2025".
- Philippe Martinez
- 3 avr.
- 4 min de lecture

Le nouveau manufacturier de pneumatiques sait qu'il a un énorme travail devant lui et qu'il lui faudra commencer ses essais sur piste dès cette saison.
La marque est déjà en contact avec la Dorna pour étudier les modalités de ces tests. Il est probable que cela se fasse avec des pilotes testeurs et avec une moto de chaque constructeur pour ne léser personne.
Dans une très longue interview, Giorgio Barbier, directeur de la compétition moto de Pirelli, a fait le point sur cette nouvelle aventure. Et si certains seront enchantés, d'autres seront interrogatifs.
Pour Pirelli, hors de question de créer une usine spécialement dédiée à la fabrication de pneus pour le Moto GP comme Michelin le faisait ou que Pirelli le fait en Formule 1.
Il s'agirait de faire évoluer les pneus du Word Superbike et les adapter aux exigences du Moto GP car les contraintes aérodynamiques sont plus fortes et les vitesses plus élevées.
Mais Pirelli veut garder l'ADN de ses pneus et que le coût de chaque pneumatique ne s'envole pas.
Voici un extrait de cette très longue interview donnée à nos confrères de Motosan.
Compte tenu des caractéristiques uniques que doivent posséder les pneus Moto GP, Pirelli partira-t-il d'une feuille blanche ?
En partie oui. Ce que nous voulons faire, c'est accéder au Moto GP avec un produit très similaire à celui que nous utilisons actuellement. Un produit qui naît dans une usine où sont fabriqués des pneus normaux. Tous les pneus slicks que nous produisons actuellement sont fabriqués en utilisant les mêmes procédés et machines que ceux utilisés pour fabriquer des pneus de route.
C’est-à-dire que c’est l’approche de Pirelli. Il ne s’agit pas de créer une usine spécifique où les pneus sont fabriqués à la main, où le coût de chaque pneu est extrêmement élevé, où l’on utilise des matériaux exotiques, etc. C’est une démarche qui entraîne aussi des coûts environnementaux importants… Bref, notre démarche opère à une autre échelle.
Est-ce que Pirelli fonctionnera de la même manière qu'avec les pneus F1 ?
Non… En F1, c’est un processus complètement différent. Les pneus sont produits dans une usine privée, comme c'est actuellement le cas en Moto GP. Mais en F1, les pneus sont fabriqués de manière monstrueuse par rapport aux pneus d'une supercar de route.
Les exigences sont très différentes, les véhicules sont très différents. En moto, l'écart entre les motos de route et le Moto GP s'est considérablement creusé ces dernières années, mais nous sommes encore loin de l'écart qui existe en voiture.
Est-ce que je me trompe si je dis que les pneus Superbike ont très peu en commun avec les pneus Moto GP ?
Aujourd'hui, l'essentiel est que le Moto GP participe avant tout à des courses plus longues, ce qui signifie qu'il a besoin de pneus qui maintiennent les performances plus longtemps. De toute évidence, les motos ont une puissance différente, freinent différemment et disposent de toute une base aérodynamique qui génère des charges différentes sur les pneus par rapport à une Superbike.
Si l’on regarde 2027 sur le calendrier, cela semble très loin. Mais compte tenu du défi que Pirelli a relevé, 2027 approche à grands pas, pratiquement demain.
Dans notre monde, ces temps sont de courtes périodes. C'est pourquoi il est important que nous puissions commencer à tester les pneus que nous utiliserons en 2027 cette saison. Il est clair que nous ne pourrons pas le faire avec les nouveaux 850, car ils ne sont pas encore prêts, nous avons donc demandé à pouvoir le faire avec les 1000 actuels.
En utilisant l'aérodynamique qui entrera en vigueur en 2027, en réduisant la puissance du moteur, nous pourrons voir comment les pneus que nous produisons se comporteront.
Mais la réalité est que nos pneus donnent généralement au pilote confiance et retour d’information. Comment se comporte l'avant, ce qui est important pour éviter ces crashs inattendus que les pilotes ne comprennent pas.
Bon, peut-être que l'avant du Pirelli est un peu mou, il bouge un peu, mais attention... C'est une caractéristique de base que nous aimerions conserver. Nous verrons ensuite comment le monde du Moto GP réagit.
Selon vous, lequel sera le plus difficile, le pneu avant ou le pneu arrière ?
Je pense que nous avons prouvé toutes ces années que nous avons un très bon pneu avant. Mais avec des caractéristiques différentes de celles de nos concurrents. Nous partirons de notre base. Nous attendons des motos qu'elles s'adaptent à nos caractéristiques, ainsi qu'au style de pilotage des pilotes.
Où seront fabriqués les futurs pneus MotoGP ?
Nous disposons d'installations en Allemagne spécialisées dans la construction de pneus moto radiaux et de pneus de compétition. Ils seront fabriqués là-bas, entre autres parce que le procédé sera le même que celui que nous utilisons actuellement.
Donc je comprends qu'un nouveau « Département Racing » ne sera pas créé, mais plutôt une usine standard ?
Il s'agit d'une usine standard qui, au fil des années, s'est de plus en plus spécialisée dans la course.
Toprak a dit à Portimao que l'arrivée de Pirelli avait une importance dans son choix d'une arrivée possible en Moto GP. En effet, le point fort du turc c'est de maitriser comme aucun autre l'utilisation du pneu avant Pirelli au freinage comme en courbe, ce qui explique qu'il ne chute presque jamais et si l'ADN de ce pneu avant restait le même, il pourrait transposer cet énorme point fort vers la catégorie reine, ce qu'il n'aurait pas pu faire avec le Michelin et cela lui donnerait un avantage sur les autres pilotes de la grille.