Ben Spies analyse l'arrivée de Toprak Razgatlioglu en MotoGP.

Ben Spies est probablement le mieux placé pour parler du défi immense qui attend le pilote turc.

Le pilote américain, après avoir survolé le championnat Superbike en 2009 avait fait le grand saut vers le MotoGP en 2010 au sein de l'équipe Tech3.

Ah, c'était la bonne époque des pilotes Superbike faisant le grand saut vers la catégorie reine, en effet, chez Tech3, Spies remplacera James Toseland, autre transfuge du Superbike.

Il sera le coéquipier de ....Colin Edwards, aussi ancien champion du monde de Superbike.

Et Spies sera l'avant dernier pilote Superbike à faire le grand saut en MotoGP , Crutchlow clôturera cette série en 2011.

Il aura donc fallu attendre 15 années pour voir un autre pilote faire le grand saut avec Toprak Razgatlioglu.

Voici ce que Ben Spies pense du transfert de Toprak :

Le dilemme était clairement de savoir si Toprak voulait rester en WorldSBK et devenir le roi ou passer en MotoGP. Toprak a hâte de tenter sa chance, et si j'étais à sa place et que je devais recommencer, je referais probablement la même chose. Avec ce qu'il a déjà accompli en Superbike, il n'y a pas de mauvaise décision. Cela ne fait aucun doute.

Dès le départ, je pense qu'il fait partie du top 5, peut-être même parmi les trois plus talentueux du monde. Mais le problème, c'est que les MotoGP sont très différentes de toutes celles qu'il a pilotées. Cela pourrait donc poser problème, s'il y en a un.

Il devra adapter son style de pilotage. Sa position sur la moto et un peu sa façon de freiner, c'est un autre aspect : il va devoir modifier légèrement son style pour réussir en MotoGP. Je ne dis pas qu'il n'y arrivera pas, absolument pas. Mais il est vrai qu'il est, disons, à l'extrême en termes de pilotage, et il le fait très bien.

Je pense qu'il devra atténuer un peu son pilotage extrême. Et, disons, augmenter un peu sa vitesse en virage, relâcher le frein avant plus tôt et laisser la moto plus fluide… ce genre de choses. Ce n'est pas une question de talent.

Il y a deux facteurs : son âge, et il a roulé en SBK toute sa carrière. Il n'a jamais roulé en Moto3, Moto2 ou MotoGP. Donc oui, il y a une différence. Je ne dis pas qu'il ne peut pas s'adapter et faire les changements nécessaires. Ce sera passionnant à voir.

Au final, tout dépend de la façon dont on pilote la moto. En gros, il voudra toujours freiner plus tard que les autres. Et c'est son point fort. Il arrive en MotoGP comme le meilleur du WSBK au freinage, un peu comme moi.

Et je peux vous dire qu'on peut monter sur une MotoGP et être le dernier à freiner de tout le paddock, mais ça ne se traduira pas par des temps au tour réguliers.

En MotoGP, ça peut être utile quand on se bat avec les autres, mais pas pour signer le meilleur tour. En MotoGP, il faut trouver un équilibre : freiner le plus tard possible, certes, mais quand on relâche le frein, le châssis se compacte bien, l'adhérence est élevée grâce au pneu, et on ne force pas sur le pneu comme en Superbike. En MotoGP, il n'aura aucun mal à freiner brusquement et à se propulser en dernier, s'il le souhaite.